Le Petit Trianon et son parc sont indissociablement liés au souvenir de la reine Marie-Antoinette. Elle est la seule reine qui ait imposé son goût personnel à Versailles. Bafouant la vieille cour et ses traditions, elle tient à vivre comme elle l’entend. Dans son domaine de Trianon que Louis XVI lui a offert en 1774, elle trouve le havre d’intimité qui lui permet d’échapper à l’Etiquette. Nul ne peut y pénétrer sans son invitation.
Depuis sa restauration en 2008, le domaine a retrouvé sa cohérence en tant que lieu réservé et préservé, centré sur son château. Ce dispositif donne à voir l’éclectisme et le raffinement de Marie-Antoinette, un art de vivre lié à une liberté de penser car l’esprit des Lumières n’était pas absent de ces lieux.
Depuis 2007, l’accès au domaine s’effectue à partir de la maison du Suisse, c’est-à-dire du Portier, qui détenait ainsi non seulement les clefs du Petit Trianon, mais aussi le pouvoir de le faire visiter en l’absence de la Reine.
~ LE PETIT TRIANON ~
Si Madame de Pompadour, qui souhaitait « désennuyer le roi », fut l’instigatrice de ce petit château que Gabriel édifia dans les années 1760, c’est le souvenir de Marie-Antoinette qui plane sur l’édifice.
En 1774, Louis XVI offrit le domaine de Trianon à la Reine qui put y mener une vie éloignée – trop éloignée pour certains – de la Cour.
Le château du Petit Trianon a été construit selon la dernière mode, dite « à la grecque » et reprenant les principes antiquisants. Du rez-de-chaussée à l’étage de l’attique, l’architecte Ange-Jacques Gabriel réalise ici son chef-d’œuvre.
Sobriété, richesse raisonnée de l’ornement, ordre et perfection caractérisent cette nouvelle manière de bâtir. La rupture avec le style rocaille se retrouve à l’intérieur, en particulier dans le décor de boiseries d’une élégance exceptionnelle. Au premier étage, les salons de réception et appartements de la Reine accueillent les visiteurs avant qu’ils ne découvrent l’entresol puis les appartements du Roi, situés au dernier étage, dans l’attique.
Entouré de jardins, le Petit Trianon est visible de tous côtés, forme qui connaitra un grand engouement à la fin du XVIIIe siècle. Les quatre façades sont différentes. Face au Jardin français, s’élève la plus riche, ornée de colonnes, inspirée des temples antiques. La simplicité de celle située au Nord rappelle qu’elle correspond à l’arrière du château qui donnait à l’origine sur les serres du Jardin botanique, remplacé sous Louis XVI par le Jardin anglais.
~ Les jardins à la française ~
Le pavillon Français
Ce pavillon est dit « Français » parce qu’il se trouve au centre d’un de ces jardins réguliers que l’on commença alors à appeler « français » par opposition à la vogue naissante des jardins anglais. Édifié par Gabriel en 1750, c’est l’une des premières créations de Louis XV à Trianon, ce domaine pour lequel il éprouva dès l’enfance une grande attirance. Il est constitué d’un vaste salon circulaire flanqué de quatre petites pièces servant de boudoir, de réchauffoir, de cuisine et de garde-robe. En compagnie de la marquise de Pompadour, le roi venait s’y reposer, écouter de la musique après ses visites au jardin botanique ou après avoir pris une collation au salon Frais tout voisin.
Le pavillon Frais
Louis XV, qui appréciait la vie intime de Trianon, décida en 1749, sous l’impulsion de la marquise de Pompadour, d’établir une ménagerie à proximité. Pour agrémenter les visites royales, l’architecte Ange-Jacques Gabriel ajouta à cette ménagerie un jardin, à la fois d’agrément et d’utilité, centré sur un pavillon pour le jeu, la collation ou le concert dénommé le « pavillon Français », qui fut achevé en 1750. L’année suivante, un second pavillon, plus petit, fut ajouté pour servir de salle à manger destinée à consommer les produits de la laiterie et des potagers. Devant ce pavillon, appelé « pavillon Frais », se trouvait un petit jardin. Il était entouré d’un portique de treillage rectangulaire.
Quelle majesté dans ces arbres !
~ Le jardin Anglais ~
Le temple de l’Amour
Ce temple de l’Amour que la reine pouvait apercevoir de sa chambre du Petit Trianon, a été élevé par Richard Mique en 1778 dans un pur style néoclassique. Tout en marbre, ce précieux édifice est surtout remarquable par la qualité des sculptures de Deschamps qui ornent ses chapiteaux corinthiens, ses frises et l’intérieur de son dôme. Cette exceptionnelle qualité s’explique par le fait qu’il devait abriter un chef-d’œuvre reconnu de la sculpture française, L’Amour taillant son arc dans la massue d’Hercule par Bouchardon dont l’original, aujourd’hui au Louvre, a été remplacé par une réplique due à Mouchy, autre
grand sculpteur du XVIIIe siècle.
~ Le Petit Trianon ~
Le grand Escalier
Le vestibule de l’escalier – au cœur de l’édifice – en constitue le volume le plus spectaculaire. Le sol est superbement carrelé de marbre blanc veiné et vert Campan, le vert, couleur dominante au Petit Trianon, reflétant les verdures des jardins. Honoré Guibert est l’auteur de la sculpture murale achevée en 1765. Il s’inspire de l’Antiquité. On admire en entre-fenêtres sur le palier du premier étage la tête de Méduse. On remarque surtout la richesse de la rampe en fer forgé et bronze doré, chef-d’œuvre du serrurier François Brochois, où les initiales de Marie-Antoinette «MA» ont remplacé celles de Louis XV.

La salle du Billard
Cette grande pièce d’angle ornée d’un lambris de hauteur a conservé sa vocation d’origine. Ici se trouvait le billard de Louis XV. Les deux canapés et la banquette qui s’y trouvaient étaient alors recouverts d’une belle perse, toile imprimée à décor floral. Marie-Antoinette décida en 1784 de transférer au premier étage le billard du rez-de-chaussée où un autre moins beau, à l’usage des officiers, le remplaça.

La salle du Réchauffoir
Cette salle servait uniquement à réchauffer les mets servis sur la table royale. Les véritables cuisines se trouvaient dans les communs, éloignés du château, afin d’en écarter les nuisances.
La salle, d’une magnifique architecture de pierre très soigneusement appareillée, est couverte d’une étonnante voûte plate, chef-d’œuvre de Gabriel. Elle a conservé sa vaste cheminée à hotte, à la droite de laquelle le potager a été restitué conformément aux plans et aux inventaires.
La grande Salle à manger
Louis XV, qui soupa ici pour la première fois en septembre 1769, avait prévu dans cette salle à manger et la suivante des tables volantes (non réalisées) destinées à monter toutes servies.

Le décor fut créer à l’intention de Louis XV. Sur les lambris sculptés par Honoré Guibert, et sur la cheminée de marbre bleu turquin aux lignes droites sculptés par Jean-François Dropsy, figurent des trophées et guirlandes de fleurs et de fruits. Les grands tableaux illustrent les grandes activités destinées à la nourriture des hommes.
La petite Salle à manger
La petite salle à manger contiguë devait elle aussi accueillir une des « tables volantes » du projet abandonné de Loriot. Elle sert sous Louis XV aux repas en tête à tête et aux soupers galants . Son décor reprend le thème de la nature et les panneaux sont sculptés de paniers et d’ornements végétaux, à l’égal de l’antichambre, mais dans la seule partie haute des lambris.
Le salon de Compagnie
Le pièce principale de l’étage est un salon de compagnie, des « jeux » et de musique en particulier du temps de Marie-Antoinette. Honoré Guibert a sculpté les trophées de musique des lambris ornés du chiffre du roi Louis XV, les deux «L» en feuilles de myrte enlaçant trois fleurs de lys au naturel sous une couronne de roses. L’imposante cheminée est en brèche violette. Le décor textile est un « damas trois couleurs » de Lyon souvent utilisé dans les châteaux royaux au XVIIIe.
La chambre à coucher
Le cabinet de retraite de Louis XV deviendra la chambre de Madame Du Barry en 1772, puis celle de Marie-Antoinette. Pour Louis XV, Honoré Guibert avait exécuté un lambris aux remarquables sculptures de plantes. Marie-Antoinette commanda en 1787 un nouveau mobilier, probablement dessiné par Jean-Démosthène Dugourc (1749-1825).
Le cabinet des Glaces mouvantes
Sous Louis XV commençaient ici les cabinets privés du roi. Marie-Antoinette transforma la pièce et commanda en 1776 au mécanicien Jean-Tobie Mercklein des glaces mouvantes montant du sol pour obturer les deux fenêtres et obtenir un boudoir à double jeu de miroirs. En 1787, la reine ordonna de nouveaux lambris dans le style arabesque qu’exécutèrent les frères Rousseau.
A ces pièces, s’ajoutent une garde-robe à chaise, une salle de bains, réaménagée en 1837 pour la duchesse d’Orléans, ainsi qu’une petite antichambre ou cabinet de toilette, situé à l’emplacement de l’ancienne bibliothèque de botanique de Louis XV.

Le théâtre de la Reine
Tandis que l’opéra de Versailles est un théâtre de cour, la petite salle de Trianon est un théâtre de société, comme il en existait alors dans de nombreuses résidences à la campagne où, pour passer le temps, les châtelains et leurs invités montaient des pièces ou des opéras. Dans son enfance à Vienne, Marie-Antoinette avait pris l’habitude de ces représentations familières. Elle voulut faire de même avec ses proches, princes de la famille royale et quelques rares amis.
En 1780, Richard Mique construisit donc sur son ordre ce théâtre dont la sévérité de l’extérieur contraste avec la délicatesse de l’intérieur qui, par ses harmonies de bleu, blanc et or, rappelle l’opéra de Versailles, en plus petit puisque ici une centaine de personnes seulement pouvait être admise : le service au parterre et les invités à l’étage derrière les loges munies de grilles. Mais le plus grand luxe n’est pas dans la salle de bois peint de faux marbre blanc veiné et orné de sculptures en carton-pâte; il réside dans la machinerie pour les changements de décor, qui a été heureusement conservée. Sur la scène de Trianon, on jouait les auteurs à la mode, Sedaine, Rousseau, on chantait des opéras entiers où, de l’avis de tous, la reine était très bonne.
~ LE HAMEAU DE LA REINE ~
Marie-Antoinette, cherchant à fuir la Cour de Versailles, commande en 1783, son Hameau. Elle y retrouve régulièrement les charmes de la vie paysanne, entourée de ses dames de compagnies. L’ensemble devient d’ailleurs une véritable exploitation agricole, dirigée par un fermier, dont les produits alimentaient les cuisines du Château. Sous le Premier Empire, le Hameau est remeublé avec délicatesse pour l’Impératrice Marie-Louise.
A peine le premier jardin aménagé aux abords du Petit Trianon fut-il terminé que Marie-Antoinette songea à en établir un second, dans son prolongement vers la porte Saint-Antoine. Sur ce nouveau territoire, la Reine développa un aspect déjà antérieurement ébauché par Louis XV à la Ménagerie de Trianon : le goût rustique. Entre 1783 et 1787, le Hameau fut donc réalisé dans l’esprit d’un véritable village normand, avec un ensemble de onze maisons réparties autour du Grand Lac.
Cinq d’entre elles étaient réservées à l’usage de la Reine et de ses invités :
la Maison de la Reine était malheureusement en travaux lors de notre visite et dissimulée derrière un grande bâche, nous n’avons donc pas pu la visiter. Voici une photo trouvée sur Google

le Billard,
le Boudoir,
le Moulin,

et la Laiterie de Propreté
Tandis que quatre maisons étaient réservées à l’occupation paysanne : la Ferme et ses annexes, la Grange, le Colombier et la Laiterie de Préparation. La Ferme était située à l’écart du village et abritait un cheptel varié : petit troupeau de huit vaches et d’un taureau, dix chèvres et des pigeons.
Une maison était réservée à l’usage domestique : le Réchauffoir, où étaient préparés les plats pour les dîners donnés à la Maison de la Reine ou au Moulin.
Chaque maison avait son petit jardin, planté de choux pommés de Milan, de choux-fleurs et d’artichauts, entouré d’une haie de charmille et clos d’un palis de châtaignier. Les rampes des escaliers, galeries et balcons étaient garnies de pots en faïence de Saint-Clément, aux couleurs blanche et bleue, contenant jacinthes, quarantaines, giroflées ou géraniums. De petits vergers étaient plantés de pommiers et cerisiers. Sur les murs des maisons et les berceaux ombrageant certaines allées, couraient des plantes grimpantes.
Une escarpolette fut aménagée en 1785 pour les enfants royaux, puis rapidement démontée. En 1788, un jeu de boules fut également aménagé. La Tour de Malborough, sorte de phare dominant les bords du Grand Lac, était utilisée pour le départ des promenades en barque ou des parties de pêche.
Je crois que toute cette partie du Domaine de Marie-Antoinette, c’est vraiment ce que j’ai préféré de la visite : le Petit Trianon est plus cosy, moins gigantesque que le Grand Trianon où le Château, ce qui lui confère un caractère plus chaleureux.
Les jardins sont magnifiques et invitent à la promenade et à la rêverie.
Le Hameau de la Reine est tout à fait charmant, on a l’impression de se trouver en face de la chaumière de Blanche-Neige et des sept nains. Finalement, Walt Disney n’a rien inventé avec ses parcs d’attractions…
C’est ainsi que s’achève notre escapade à Versailles…
Nous en avons pris plein les yeux , nous avons marché dans les pas de Louis XIV et de Marie-Antoinette, nous avons ressenti l’âme de ces lieux chargés d’Histoire, ce fût une expérience magique pour nous et pour les filles…